Si
en France, le 11 novembre on fête une victoire des français sur les allemands
qui remonte à presque 90 ans, les allemands ont autre chose à faire et
ceci est tout à fait normal, car, nous les Rhénans, préférons les fêtes aux défaites.
Le 11.11. à 11 heures 11, débute la saison du
carnaval :
A Düsseldorf, sur la place de la mairie la bière coule à
flots.
C’est le réveil du Hoppeditz, notre fou par excellence,
élu parmi les habitants de Düsseldorf.
Il naît d’un grand pot à moutarde (on en y fabrique), il
s’assoit sur le cheval de la statue de Jan Wellem, (Jean-Guillaume) située sur
la place de la mairie et tient un discours d’ouverture à la fois drôle et
caustique sur tout ce qui a marqué la vie en Allemagne de l’année passée.
On sert de la Altbier, une bière ambrée autochtone, et la
fête est partie. Cette figure sera officiellement enterrée le mercredi des
cendres, pour se réveiller, le 11.11. suivant à 11 heures 11 précises.
Voyons un peu l’histoire de Jan Wellem.
Johann Wilhelm II (1658-1716) prince du Palatinat et duc de
Jülich et Berg, appelé par ses sujets "Jan Wellem".
Permettez-moi d’ouvrir une parenthèse : Jan Wellem est
la formulation courante de Johann Wilhelm. Vous avez raison, on dirait du
néerlandais. Normal, c’est le patois de ma région.
Jan Wellem est un prince qui savait faire la fête :
Sans "Jan Wellem" les auberges et bistrots de ma
chère ville natale ne seraient pas aussi nombreux. Ce n’est pas pour rien que
notre vieille ville est nommée « le plus long comptoir du monde ».
Ce prince proche du peuple et mécène d'art gouverna pendant
26 ans.
Il encouragea efficacement les arts et donna une nouvelle
dimension à celui de faire la fête.
Grâce à l'influence de son épouse italienne Anna Maria
Luisa, fille d'un grand duc de Toscane, membre de
la maison Medici, il
liait les bals masqués opulents et les représentations d'opéra au mode de vie
italien et au tempérament rhénan.
Et que faisait son peuple ?
Il suivait son souverain.
Bien que par ce mode de vie le trésor public se trouvait
fréquemment en difficultés - la construction de demeures « comme à
Versailles » était coûteuse - il donnait l’exemple de la joie de vivre et était
beaucoup imité par la population.
Des distractions de tous genres rythmaient la vie de tous
les jours dans toutes les couches sociales. L'habitant de Düsseldorf formule ce
phénomène avec le mot suivant : faire la fête était trouver du « Spass an der Freud » les «
plaisirs de la joie ».